Grâce aux neurosciences, il est désormais possible de diagnostiquer une dyslexie dès l’école maternelle, donc, avant l’apprentissage de la lecture. Après trois ans, il existe des signaux clairs dans le développement de l’enfant et son acquisition des connaissances. C’est notamment le cas des retards de langage.
Les observations des parents et de l’enseignant doivent donner l’alerte pour mettre en place une prise en charge adaptée. C’est une stratégie nécessaire pour éviter l’accumulation des retards à l’école.
Dans cette situation, l’idéal est de faire un bilan dans un Centre de Référence des Troubles de l’Apprentissage. Ces unités de pointe sont intégrées à des services pédiatriques dans les hôpitaux.
Ces centres accompagnent les familles et savent comment, avec une dyslexie, stimuler l’apprentissage de la lecture chez les enfants.
L’acquisition de la lecture et dyslexie : une étape cruciale dans l’apprentissage de l’enfant
Face à la dyslexie, il y a plusieurs pièges à éviter dans la manière d’apprendre la lecture à un enfant.
Le premier piège, c’est de suivre les méthodes globales de lecture.
En revanche, le second piège est d’utiliser les méthodes mixtes en cours ou à la maison. Il faut être particulièrement vigilant sur ce point, car elles favorisent les confusions entre les lettres et les sons. Les méthodes mixtes de lecture se caractérisent par l’utilisation de mots « outils » que l’enfant devra reconnaître en les photographiant. Or, surtout chez un enfant dyslexique, il faut que l’enfant puisse déchiffrer tous les mots.
Dyslexie : Pourquoi la méthode mixte ne convient pas ?
À titre d’exemple, dans les méthodes mixtes, les élèves doivent apprendre en même temps les mots :
- une
et
- est.
Chez les enfants ayant une dyslexie, cet apprentissage forcé va augmenter le trouble d’acquisition. Plus concrètement, une confusion durable entre ces deux mots va s’installer. Cela sera fortement préjudiciable pour la suite de la scolarité si ce n’est pas corrigé.
Attention : les parents (et les enseignants) doivent vérifier eux-mêmes la présence de mot outils dans le manuel d’apprentissage de la lecture.
Il n’est pas rare d’avoir une méthode qui se présente comme « syllabique » en couverture. Or, son contenu est celui d’une méthode mixte.
Enfant dyslexique : Trois manuels qui ont fait leurs preuves pour apprendre à lire
Lorsque l’on cherche une méthode adaptée à la majorité des enfants, même les dyslexiques, il y en a trois qui font référence chez les parents, les orthophonistes et les enseignants.
Elles peuvent être utilisées dès la moyenne section pour bien amorcer le processus d’acquisition de la lecture.
La clé des mots de Josiane Jeannot chez Nathan
À mon avis, c’est la plus simple.
Cette méthode a été développée par une enseignante qui s’est fondée sur son expérience. Elle est composée de deux petits livres et son prix est accessible.
Sa grande force, c’est la progression qui permet une consolidation des connaissances.
Chaque leçon correspond à une difficulté de la langue française.
Cela commence par le son des lettres, puis leur association et leurs particularités. Par exemple, le « c » et le « g » qui changent de son en fonction des mots.
D’expérience, c‘est une excellente ressource pour apprendre la lecture à tous les enfants, notamment les « dys ». Elle permet aussi de poser les fondements de l’orthographe.
La méthode Suzanne Borel-Maisonny
Cette méthode phonétique et gestuelle a de nombreux adeptes chez les orthophonistes. Elle permet d’associer un geste, un son et des lettres.
Grâce à ce triptyque, les enfants peuvent compenser leur dyslexie. L’acquisition de la lecture se passe sans embuche. Les leçons de ce cours stimulent les différentes formes de mémoire.
Le manuel contient de nombreuses images qui détaillent le geste à associer aux sons des lettres. La compréhension de l’écrit se fait au fil des leçons.
A priori, la version la plus récente est moins bonne que les livres précédents.
La méthode des alphas
La méthode des alphas est la dernière-née pour maîtriser la lecture.
Elle vient de Suisse et a été conçue par une spécialiste de la remédiation du langage. Elle est fortement utilisée chez les orthophonistes pour la prise en charge des enfants dyslexiques.
Pour moi, sa force est son attractivité. D’une part, elle commence par un dessin animé qui présente les personnages des Alphas (les lettres de l’alphabet) qui luttent contre la malveillance de leurs ennemis les Bêtas.
Pour les enfants, il faut bien avouer que ce support visuel rend les Alphas très sympathiques.
Dans les écoles, les Alphas sont vus dès la moyenne section de maternelle. Au fil des semaines, dans une classe, les enfants lisent de mieux en mieux. Ils ont le « déclic » lecture. Ainsi, ils sont aptes à lire un texte dès leur entrée en CP.
La seule réserve que j’émettrais sur les Alphas réside dans ses multiples déclinaisons en livres. L’expression de certaines phrases est –parfois- relativement familière. C’est dommage.
Cela reste une excellente méthode pour apprendre à lire et contourner une dyslexie.
Les astuces pour faciliter la lecture chez les « dys »
Outre la stratégie d’apprentissage à proprement parler, il y a deux astuces qui peuvent aider un élève dyslexique à lire.
Il y a d’abord l’utilisation d’un cache.
Ensuite, certaines modifications dans l’apparence d’un texte peuvent être particulièrement bénéfiques.
L’utilisation d’un cache pour lire
Les personnes dyslexiques peuvent être gênées pour isoler une ligne dans un texte à lire.
L’utilisation d’un cache permet de guider leur attention pour éviter ces troubles.
Il existe plusieurs types de cache. Le plus commun est une sorte de fenêtre faite dans un rectangle en plastique ou en carton.
Il est parfaitement possible de fabriquer un cache soi-même. J’en ai fait plusieurs pour mon fils. Il faut juste que les côtés du cache et de la fenêtre soient bien droits.
Seulement ce cache peut parfois gêner l’enfant vis-à-vis de ses camarades. Dans ce cas, il est parfaitement possible de guider le regard du lecteur avec l’utilisation d’un buvard qui va servir de réglette pour suivre la ligne du texte.
Modifier la police d’écriture des textes, les interlignes et espacer les mots
Pour les personnes « dys », la police d’écriture peut représenter plusieurs difficultés.
L’idéal est d’utiliser une police sans empattement, bien nette, comme Arial.
Par ailleurs, il est particulièrement utile
- de grossir la taille d’un texte à lire,
- d’espacer les mots entre eux,
- d’augmenter les interlignes.
Ce travail sur la forme du texte est une étape est transitoire pour stimuler l’enfant dyslexique.
Peu à peu, il va augmenter son niveau de maîtrise de la lecture. Il aura développé ses capacités pour lire des textes de toutes les formes.